Lorsque j’étais enfant, mes plus beaux souvenirs se déroulaient à la campagne, chez mes grands-parents maternels, en plein cœur du milieu rural.
Là-bas, la nature était notre terrain de jeu infini, un espace de liberté où tout semblait possible.
Lors des repas de famille, pourtant somptueux, où les plats s’enchaînaient dans une symphonie gastronomique interminable, mes cousins, mes cousines et moi n’avions qu’une idée en tête : fuir la table pour explorer le monde qui nous entourait. Ces festins étaient impressionnants, mais nos vraies festivités avaient lieu ailleurs, dans les champs et les sous-bois.
Nous étions insatiables d’aventures, incapables de rester en place.
Notre façon à nous de partager, c’était de jouer. Avec rien, ou presque, nous refaisions le monde. « Quand je serai grand(e)… » était l’une de nos phrases fétiches, une promesse d’avenir teintée d’espoir et d’imagination.
Nos jeux étaient tout sauf passifs. Nous creusions la terre à pleines mains, peu importe si nous étions habillés pour les grandes occasions.
Nous récupérions des branches, des feuilles, de vieux ustensiles abandonnés, pour construire notre propre univers.
Nous construisions des cabanes, notre version miniature d’une maison, et nous devenions boulangers, pâtissiers ou cuisiniers, imitant avec une fidélité touchante les gestes de notre oncle Jean-Marie le chef incontesté de la famille.
C’était une période où tout semblait possible, où les baies cueillies devenaient des ingrédients précieux, où les herbes folles remplaçaient la farine, et où l’odeur de la vraie cuisine semblait presque jaillir de nos « faux » plats.
Ce bonheur brut, cette liberté d’expression, étaient notre trésor.
Ces moments m’ont marquée bien au-delà de l’enfance. Ils ont nourri ma créativité et façonné la femme que je suis aujourd’hui : créatrice et animatrice socio-culturelle, travaillant avec les enfants pour transmettre cet amour de la liberté créative, cette joie de faire avec ses mains, cette magie de transformer peu en beaucoup.
Je crois profondément que la transmission est essentielle, peu importe notre univers ou notre histoire. Ces instants d’imagination et de création que j’ai vécus enfant, je les transmets maintenant aux jeunes générations, leur offrant à mon tour cette porte ouverte sur un monde où tout est possible.
Et à chaque atelier, chaque création partagée, je revois un peu de cette enfant que j’étais, les mains dans la terre et le cœur empli de bonheur.
Créer avec les enfants, c’est semer les graines de leur imagination dès le plus jeune âge. Avec peu de choses, la nature devient un terrain d’exploration infini, où chaque moment partagé en famille se transforme en un souvenir précieux et unique. Une parenthèse simple et magique qui nourrit leur créativité et leur épanouissement.
Comments